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Historique

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Tout commence en 1960, lorsque Monsanto crée une division agricole qu’il nomme les Centres Agricoles Monsanto (ou MAC pour Monsanto Agricultural Centers en Anglais). Ce sont des centres où les agriculteurs peuvent trouver tout ce dont ils ont besoin en matière de fertilisants et de pesticides, d'analyse de sol et d'application de produits dans les champs. Ils sont progressivement abandonnés à partir de 1975.

 

Puis, en 1970, c’est un jeune chimiste, John Franz, qui travaille avec le Dr Phil Hamm, responsable du programme d’évaluation des herbicides, qui s'intéresse à deux composés chimiques proposés comme des adoucisseurs d’eau dans un autre service de Monsanto. Soupçonnant les possibles propriétés herbicides de ces composés, le Dr Hamm charge M. Franz de les étudier.

 

John Franz veut étudier la façon dont les composants sont métabolisés à l'intérieur des plantes. Il se dit qu’un composé bénéfique peut synthétiser un de ces composés. Le troisième composé changera la façon et le visage de l’agriculture. Cette molécule est appelée glyphosate, l’ingrédient actif (ingrédient d’un pesticide qui est biologiquement actif, c’est-à-dire, les effets d’un pesticide sur la matière vivante). Cet herbicide puissant détruit la plante en quelques jours.

 

Au début des années 1970, la découverte du glyphosate laisse perplexe les spécialistes de Monsanto. Le problème du glyphosate est qu’il n’a pas d’effet sélectif. Un pesticide a un effet sélectif quand il tue certaines mauvaises herbes mais en laissant les cultures intactes. Le glyphosate est en effet non sélectif et tue toutes les plantes qui entrent en contact avec lui. Cependant, comme le produit est considéré comme sûr pour l’environnement, il cherche des façons de l’exploiter à des fins commerciales.

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En 1974, l’herbicide de marque RoundupMD original est commercialisé en Malaisie pour la culture de l’hévéa et au Royaume-Uni pour celle du blé. L'herbicide de marque Roundup original est commercialisé pour usage agricole au Canada en 1976. L’herbicide RoundupMD original permet aux producteurs agricoles de tuer toutes les mauvaises herbes et donc de moins travailler la terre et ainsi de favoriser l’érosion des sols. Ce produit Roundup semble également la solution environnementale parfaite pour l'époque. Il se décompose en dioxyde de carbone, en acide phosphorique et en ammoniac, ainsi que des produits naturels sûrs pour les humains ainsi que pour la faune et la flore.

 

A partir des années 1980, Monsanto veut investir massivement dans les biotechnologies. Il construit des nouveaux laboratoires, recrute des scientifiques et investit des milliards dans la recherche pour faire du glyphosate le produit le plus utilisé. Dans les années 1990, le Roundup est le pesticide le plus utilisé dans de nombreux pays, notamment ceux pratiquant la culture d' OGM. En 1994, selon le Farm Chemicals Magazine, l’herbicide de marque RoundupMD original compte parmi les dix plus importants produits ayant transformé l’agriculture.

 

En 1996, le canola Roundup Ready est commercialisé au Canada et transforme le visage de l'agriculture dans l’Ouest Canadien et a largement contribué au succès de l’industrie canadienne du canola. Monsanto introduit les OGM résistants qui entraînent une multiplication par 15 de son utilisation aux Etats-Unis entre 1996 et aujourd’hui.En 1997, le soya Roundup Ready est commercialisé au Canada. Les producteurs agricoles ont désormais accès à des semences comportant une tolérance intégrée à l’herbicide Roundup et à d’autres herbicides à base de Glyphosate.

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Le brevet américain de Monsanto pour la commercialisation du glyphosate est arrivé à terme en 2000. Monsanto a conservé la marque Roundup mais n’a plus la main sur la plupart des régions à travers le monde. Ce phénomène a encore augmenté la consommation de la molécule désormais utilisée par des dizaines de sociétés dans plusieurs pays, dans des milliers de produits. Les scientifiques retrouvent de plus en plus souvent des traces du pesticide dans notre environnement, alimentation et boissons.

 

En 2004, le Roundup WeatherMAX est vendu au Canada et en 2007, John Franz est intronisé au Temple de la renommée nationale des inventeurs (National Inventor's Hall of Fame) pour sa découverte du glyphosate. En 2011, l’ANSES classa le glyphosate comme perturbateur endocrinien possible. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire se plonge dans les effets potentiellement toxiques du glyphosate et à son influence sur le système hormonal et reproducteur des mammifères.

 

L’agence va plus loin, et différencie la substance active glyphosate de sa déclinaison chez Monsanto, le Roundup. Selon l’ANSES, le Roundup “s’attaque à la membrane cellulaire, alors que le glyphosate ne le fait pas à cause de ses adjuvants présents”. En 2012, l’Allemagne est désignée comme état rapporteur par la commission européenne. Le pré-rapport sur la toxicité du glyphosate servira de base pour l’EFSA. C’est le BFR qui s’en charge.

 

Quant à la France, l’équipe du Pr Gilles Éric Séralini, proche du Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie Génétique (CRIIGEN), a exposé des rats à des faibles doses du Roundup dans l’eau qu’ils buvaient et avaient ainsi développés des tumeurs cancéreuses dans une proportion plus importante que les rats témoins.

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En mars 2015, le glyphosate est classé cancérigène probable par le CIRC. Cet événement marque l’entrée de la controverse dans la sphère politique. Pour ce faire, l’agence de l’OMS s’est appuyée sur l’analyse, faite par 17 scientifiques, d’un ensemble d’études existantes. Plusieurs expertises épidémiologiques examinées suggèrent en particulier un risque accru de cancer du sang chez les agriculteurs et jardiniers exposés. Le CIRC cite aussi des expériences menées sur des animaux de laboratoire, concluant à des « preuves convaincantes » de risque cancérogène chez ces derniers.

 

En novembre 2015, l’EFSA contredit le CIRC dans son rapport pour la Commission. Ce rapport qui reprend le pré-rapport du BFR et comporte des entorses grossières à la rigueur scientifique d’après le CIRC. C’est le début d’un conflit scientifique pointu mal compris par les journalistes qui voient se succéder des rapports prônant la nondangerosité du glyphosate et d’autres qui se veulent alarmant par des résultats. Le 8 mars 2016, la commission européenne reporte le vote de la prolongation de l’herbicide car les divergences sont trop fortes. Plusieurs pays, dont la France, la Suède, l’Italie ou les Pays-Bas se sont opposés au renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de la substance désormais classée « cancérogène probable ».

 

Une étude allemande établie à la même période que 99% des personnes testées présentaient des traces de glyphosate détectables dans leurs urines, dont 75% à des concentrations élevées. Le 12 mai, une autre analyse fait surface, sur les 48 eurodéputés qui se sont fait analyser leur urine, tous présentaient des teneurs en glyphosate. Le taux moyen étant 17 fois supérieur au seuil légal de glyphosate toléré dans l’eau potable.

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En juin 2016, il y a l’expiration de la directive européenne autorisant le Roundup. La commission appelle à un nouveau vote mais n’obtient pas de majorité. Il y a donc extension de l’autorisation pour laisser à l’agence européenne des produits chimiques le temps de faire plus de recherches concernant le principe actif. La Commission Européenne programme un renouvellement de 18 mois pour prendre le temps de trouver une solution.

 

En janvier 2017, la France interdit l’utilisation du glyphosate hors des usages professionnels. Le glyphosate a d'ailleurs commencé par être banni le 1er janvier 2017 des lieux publics, comme les parcs et les espaces verts. C’est en mars 2017, que l’ECHA s’accorde avec l’EFSA au sujet du glyphosate. Le Risk Assessment Committee (RAC) de l’ECHA saisi par la commission européenne à la suite du désaccord entre l’EFSA et le CIRC, annonce qu’il n’y a pas de preuve pour affirmer que le glyphosate est cancérigène ou mutagène. Il affirme cependant qu'il peut provoquer des dégâts sur les organismes aquatiques et est dangereux pour les yeux. En mai 2017, la Commission Européenne propose un renouvellement de 10 ans pour autoriser l’utilisation du glyphosate.

 

C’est en juin 2017, que les écologistes européens saisissent la cour de justice européenne pour obliger l’EFSA à publier les études sur lesquelles s’appuie l’EFSA. Le 30 août 2017, la France votera contre la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans la licence du glyphosate. Quelques jours plus tard, la FNSEA s’oppose à toute interdiction du glyphosate jugée nécessaire aujourd’hui à l’agriculture moderne et notamment l’agroécologie.

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En octobre 2017, Greenpeace publie une lettre ouverte au président de la République, Emmanuel Macron pour l’interpeller sur ses engagements politiques et notamment sur l’interdiction du glyphosate. Le 27 novembre 2017, la Commission européenne annonce le prolongement de l’autorisation d’exploitation du glyphosate pour 5 ans. Le même jour, Emmanuel Macron annonce sur Twitter son intention d’arrêter le glyphosate d’ici trois ans en France.

 

En décembre 2017, des ONG dont Global 2000 portent plainte contre BFR et l’EFSA pour fraude. En Autriche, en Italie, en Allemagne et en France, plusieurs ONG ont annoncé ce 4 décembre qu’elles portaient plainte contre l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques -le BFR- et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). En cause : leur goût jugé immodéré du copié-collé de passages entiers du dossier d’homologation soumis par les industriels pour prouver l’innocuité du glyphosate.

 

En mai 2018, l’Assemblée nationale défie Emmanuel Macron et rejette l’amendement visant à interdire le glyphosate sous 3 ans en France. Ils pensent que c’est impensable. Puis enfin, en janvier 2021, l’objectif est annoncé par le président d’interdire totalement le glyphosate en France d’ici la fin de l’année et d’entraîner les autres pays d’Europe avec lui.

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